
Le vécu de Julia est assurément une incroyable histoire de survie. Violée en 2016 par le rebelles sud-soudanais, Julia a survécu grâce à une prise en charge holistique du projet d’appui au relèvement des survivantes des violences sexuelles, exécuté par la solidarité féminine pour la paix et le développement Intégral dans la zone de santé d’ADI en chefferie de Kakwa avec l’appui financier de TROCAIRE.
Le statut de la femme dans la société congolaise la rend particulièrement vulnérable. En effet, traditionnellement, la femme congolaise a énormément de responsabilités domestiques. Beaucoup de femmes sont ainsi violées lorsqu’elles s’adonnent à leurs tâches quotidiennes, notamment lors de travaux dans les champs, lorsqu’elles se rendent ou reviennent du marché ou lorsqu’elles vont puiser de l’eau. C’est le cas de Julia, violée dans le village Makenge Rumu à 13 kilomètre de la barrière entre la RDC et le Sud Soudan. Elle partait au champ pour des devoirs familiaux. A l’époque, son mari était sans emploi.
L’incident s’est produit pendant que je me rendais au champ. … Je n’avais que 23 ans à l’époque et j’étais mariée. Mon mari était furieux en apprenant cette nouvelle. Il ne voulait plus de moi ! Entre la peur de perdre mon foyer, les malaises sur le plan physique et la dépression dans laquelle j’étais tombée, je ne savais pas où aller jusqu’au moment où mon chemin a croisé celui d’une médiatrice, sensibilisant sur la prise en charge gratuite à l’hôpital général d’ADI , nous raconte Julia.
Voilà comment Julia s’est rendue à l’hôpital général d’ADI. Ici, elle a été prise en charge sur le plan médical dans le délai, suivi par des assistantes psychosociales, jusqu’à sa guérison totale.
Avec la médiatrice de la SOFEPADI, j’avais eu une discussion. Moi qui pensais que c’était la fin vu mon état de honte suite à l’incident vécu, cette brave dame m’avait remonté le moral jusqu’à m’amener à l’hôpital d’ADI. Ce jour-là, je me rappelle comme si c’était hier, elle m’avait beaucoup aidé. Grâce à elle, j’ai bénéficié d’une prise en charge médicale dans le délai et j’avais eu des séances avec une psychologue, sur place à l’hôpital pendant des mois. Ce que j’avais beaucoup aimé, c’est le courage et l’audace de la médiatrice. Elle ne cessait de passer chez moi, discuter avec mon mari jusqu’à me réconcilier avec le père de mes enfants. Aujourd’hui, avec mon tendre époux, nous avons 6 bonnes créatures, relate Julia, avec des souvenirs précis et un sourire plein d’espoir.
Au fait, elle est actuellement âgée de 29 ans, mère de 6 enfants, et détient un restaurant de renommé dans son village. Elle a eu l’idée d’ouvrir ce restaurant juste après qu’elle est guérie physiquement et mentalement. C’était grâce la réinsertion socio-économique, dont elle a été bénéficiaire.
« Après ma guérison totale, j’ai été réinsérée économiquement par la SOFEPADI grâce à l’appui financier de TROCAIRE. Directement j’avais mis en place un restaurant qui a actuellement la capacité d’accueillir 12 personnes. Grâce aux bénéfices obtenus, j’ai offert depuis 2018 un kiosque pour mon mari, et par la suite lui acheté une moto. Nous avons créé une synergie hors pair. Nous scolarisons nos enfants, nous construisons une maison en brique cuite, nous disposons des 2 chèvres, 3 porcs, et d’un champ dans lequel nous cultivons des oignons. Nous ne manquons vraiment de rien, nous mangeons à nos goûts et jouissons d’un amour sincère. Je rêve l’élargir à Imbokolo-Aru-Bunia, renchérit Julia.
Durant des années, les experts ont parlé du viol en RDC comme une « arme de guerre » utilisée par les groupes armés pour terroriser les familles, détruire les communautés et imposer leur pouvoir. Mais des histoires comme celle de Julia nous rappellent encore que c’est possible de transformer une victime en survivante.
Je remercie la SOFEPADI et son partenaire TROCAIRE de porter à cœur cette cause. Grâce à eux je vis , reconnait-elle.
Note : Pour confidentialité, le nom de la survivante a été modifié.