Neuf mois après son viol, Louisa est reinserée dans sa communauté (Rutshuru).

30 Mai 2023

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Louisa, à 46 ans a été violée. 9 mois plus tard, Elle est réinsérée dans la communauté

Louisa* (nom d’emprunt), à 46 ans a été violée. Ce fut le début d’une spirale de peur, et aujourd’hui, 9 mois plus tard, elle est réinsérée dans la communauté grace au projet de prévention et réponse aux besoins vitaux des personnes survivantes et à risque des violences basées sur le genre dans la zone de santé de Rwanguba en territoire de Rutshuru en la République Démocratique du Congo. Un projet exécuté par la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral depuis le 15 septembre 2022 avec l’appui financier du Fonds Humanitaire RDC.

Tout bascule dans la peur, nous raconte Louisa…

Je suis mère de 7 enfants. J’étais au champs. En quittant, vers 17 heure, j’ai rencontré sur mon chemin deux hommes non armés. Impuissante, car sans force pour me battre avec eux. Je fais un effort de me défendre et du coup, je me retrouve plaquée au sol par ses deux hommes. Ils m’agressent et me violent. Je ne suis plus là. Je ne suis plus dans mon corps. Je peux jurer que je ne suis plus dans mon corps, comme si j’étais en dehors de mon corps, comme si ce n’était plus mon corps. Je suis une toute autre personne…

Alors il fallait faire avec, je suis rentrée à la maison et je devais comme d’habitude faire la nourriture pour mes enfants. Je ne voulais pas que mon mari découvre cette tragédie.  

La nuit, sur mon lit, je ne faisais que pleuré. Pourque mon mari ne s’en aperçoive, je me réfugiais alors dans la prière. Pour mon mari, je pleurais pour les situations que nous traversions. J’étais beaucoup inquiète, entre la peur et la confidentialité, j’étais.

Elles parlaient des VBG lors de la consultation prénatale…

Assistante psychosociale sensibilisant les femmes enceinte sur les VBG lors de la consultation prénatale

Je me rappelle, je n’avais pas dormi cette nuit-là. Je me suis souvenue un peu après, des discussions que j’avais eu avec mes voisines qui fréquentaient la consultation prénatale.

Comme vous le savez, toute femme enceinte étant considérée comme à risque, le centre de santé offre l’ensemble des soins de qualité aux femmes du village de Kabindi au cours de la grossesse, en fonction des situations individuelles, en vue d’assurer une issue favorable pour elles et aux nouveaux nés. Pendant ces séances, les infirmiers dont les assistantes psychosociales, saisissent l’occasion pour sensibiliser les femmes sur les Violences Basées sur le Genre. Faire d’elles des ambassadrices dans la communauté, une des stratégies de mitigation de risque VBG.

C’est dans ce cadre que mes voisines étaient informées. Au retour, elles nous parlaient de la prise en charge holistique et gratuite des survivantes des violences basées sur le genre.

La prise en charge…

Entretien de Louisa et l’assistante psychosociale au centre de santé de Kabindi

Le matin je me suis décidée d’aller au centre de santé de Kabindi pour bénéficier des soins. J’avais honte et peur.  A la réception, j’avais demandé un entretien avec l’assistante psychosociale. Une fois avec elle, je n’arrivais pas à parler. Elle me tenait fort et me rassurait. Je me suis sentie alaise pour parler. Je lui ai raconté la situation que j’ai connu. Elle m’a laissé savoir que j’ai bien fait de venir dans le temps, car cela permettra de lutter contre les maladies sexuellement transmissibles, la grossesse non désirée…

Au début je n’étais pas certaine de comprendre et d’accepter la situation. Je rigole, persuadée qu’il doit s’agir d’un mensonge. Après mon entretien avec ma psychologue, l’APS, j’ai compris que c’était vraie et que la confidentialité existait. Me voilà rassurée, j’ai été examinée. Des médicaments m’ont été administrés à cet effet.

La guérison est tout un processus … J’avais eu plusieurs rendez-vous avec ma psychologue. Durant, elle ne cessait de me faire comprendre qu’il Ya une vie après un viol.

9 mois plus tard, Louisa est réinsérée dans la communauté…

Louisa réinserée economiquement dans la communauté

La spirale infernale pour tenter de s’en sortir m’a pris neuf bons mois.

Il m’a fallu plus d’une séance pour commencer à mettre des mots sur ce que j’avais vécu sans pleurer. Aujourd’hui, 9 mois plus tard, j’en parle comme tout autre histoire. J’ai décidé que je ne devais pas laisser cette histoire me définir.

Aujourd’hui je combine mes activités champêtres au commerce. Grace à l’appui financier du Fonds Humanitaire RDC, la SOFEPADI, m’a formé sur la gestion et la tenue des activités génératrices de revenue avec d’autres femmes survivantes de ma communauté. J’ai ainsi bénéficié du cash pour mes activités après la formation. Personnellement j’ai choisi le commerce. Donc, le matin je vais au champ, je rentre pendant la journée ; non seulement pour éviter la répétition de cette fameuse histoire mais aussi pour faire le commerce au marché de Rushago, dans mon village.

Chaque lundi et mercredi, je vais au marché de Rangira dans le groupement de Busanza pour m’approvisionner les haricots et du Sorgho enfin de revendre dans mon village au petit marché de Rushago. Je suis au début mais aux vues de mes recettes, je suis convaincue de la réussite. Ce qui fait que j’ai réussi à m’ouvrir à nouveau au monde et d’espérer à un avenir radieux de mes enfants, mon mari et moi.

Ceci dit j’ai retenu une chose rassurante. Quand il vous arrive quelque chose comme ça, n’hésitez pas à contacter une assistante psychosociale dans une structure la plus proche de chez vous. La confidentialité, l’accueille et la bonne écoute de ma psychologue et ses orientations m’ont permis de ne pas laisser la souffrance me définir.

Bref, tout ça pour dire : Je remercie mon assistante psychosociale qui a suivi mon cas en particulier, et en général tous les infirmiers qui soulagent les souffrances des femmes survivantes. Je n’oublierai pas de remercier la SOFEPADI qui grâce à l’appui financier du Fonds Humanitaire RDC, milite depuis 2022 contre les violences basées sur le genre dans la zone de santé de Rwanguba à Rutshuru où je vis.

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